Programme Juillet 2022

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Wolfgang A. Mozart/Michael Haydn

Symphonie n°37 (1845)

“Le silence qui suit Mozart est toujours du Mozart” disait en substance Sacha Guitry… sauf quand c’est en fait… du Haydn. Du Michael Haydn. Double paradoxe en effet que celui de cette 37e symphonie de Mozart qui n’est pas de Mozart, mais d’un Haydn qui n’est pas Joseph ! »

Alors que l’oeuvre avait été classée au catalogue de Mozart, entre les symphonies Linz et Prague, dont elle se démarque pourtant profondément d’un point de vue stylistique, Lothar Perger prouve en 1907 la réelle paternité de l’oeuvre : si l’introduction est bien de Mozart, l’ensemble de la symphonie est en fait de la main de Michaël Haydn, frère cadet du grand Joseph et auteur lui aussi d’une production musicale considérable, bien que moins célèbre
aujourd’hui.

Mozart en aurait recopié la partition, prenant quelques libertés avec le texte originel, en supprimant notamment une partie des vents, afin de la faire jouer lors du concert de la création de sa 36e symphonie. C’est ainsi que ce manuscrit modifié, ayant été retrouvé parmi les manuscrits de Mozart, lui fut longtemps faussement attribué.

Arthur Honegger (1892 – 1955)

Pastorale d’été (1920)

Court poème symphonique pour orchestre de chambre, la Pastorale d’été fut composée par Arthur Honegger au cours de l’été 1920, à l’occasion d’un séjour dans les Alpes suisses, près de Berne. Il adjoint à une section de cordes un quintette à vents, et joue des timbres mêlés de ces différents univers. C’est une des premières oeuvres orchestrales du compositeur, deux ans après la fin de ses études au Conservatoire de Paris. Il a alors 28 ans.

La partition porte en épigraphe un vers d’Arthur Rimbaud, “J’ai embrassé l’aube d’été”, incipit du poème “Aube”, tiré des Illuminations. Un parallèle est souvent dressé entre ce fragment symphonique et le Prélude à l’Après-midi d’un Faune de Debussy, avec lequel il partage son caractère pastoral, contemplatif et serein, traversé toutefois de sentiments plus troubles, sa construction globale, mais aussi son ambiguïté tonale et son inspiration littéraire (Debussy étant allé chercher l’argument de son oeuvre chez Mallarmé). La Pastorale de Beethoven, qu’admirait Honegger, n’est également jamais loin.

“J’ai embrassé l’aube d’été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombre ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit. La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la
chassais.

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.”

Wolfgang Amadeus Mozart (1756 – 1791)Michael Haydn

Adagio et Fugue, KV 546 (1788)

Autre hommage à un pair artistique admiré, cette fugue de Mozart avait initialement été écrite pour deux pianos, en 1783. Elle fut ensuite complétée de son adagio introductif et retranscrite pour quatuor à cordes en 1788, alors que Mozart traverse une période difficile. Son père Léopold, avec qui il entretenait des relations complexes, est mort l’année précédente. Don Giovanni, pourtant créé avec succès à Prague, ne plaît pas au public viennois et si l’empereur Joseph II le nomme musicien de la chambre impériale et royale, il n’obtient pas le poste de Konzertmeister impérial, qui reste tenu par Gluck. Ses opéras, lorsqu’ils sont joués, restent partiellement boudés par un public plus conservateur. Qui plus est, sa santé décline et il est en proie à des difficultés financières permanentes.

Le climat sombre de l’adagio résonne parfois des sonorités funèbres et introverties de l’ouverture de Don Giovanni, mêlées à des figures rythmiques inspirées des ouvertures “à la française”, tandis que la grande complexité de la fugue n’exclut pas une rigueur toute “bachienne”, faisant cohabiter quatre lignes mélodiques, sous toutes les formes possibles (renversements, strettes,…), avec une grande inventivité, produisant une oeuvre courte mais d’une grande densité.

Joseph Haydn (1732 – 1809)

Symphonie n°49, La Passione (1768)

L’origine du titre donné à cette symphonie, la Passion, n’est pas bien établie. Il se peut qu’il ait été donné a posteriori à cette symphonie, à l’occasion d’une exécution lors du Vendredi saint de l’année 1790, ce qui correspondrait à son caractère expressif et douloureux. Quoi qu’il en soit, elle est bien issue de la période où Haydn est marqué par le Sturm und Drang, ce courant esthétique préfigurant le romantisme dans l’espace germanique, fait de contrastes soudains, d’élans enflammés débouchant sur des instants de prostration résignée, avant de repartir de plus belle vers des sommets d’espoir. La tonalité de fa mineur, qui structure l’ensemble de l’oeuvre, en renforce le climat dramatique, ainsi que l’organisation des mouvements (lent-rapide-lent-rapide), inhabituelle pour une symphonie classique, dont Haydn préserve toutefois la rigueur formelle malgré l’audace de son écriture.